Hannah Heilmann adopte une approche transmédiatique et performative dans sa pratique et vous invite dans sa salle des machines artistique, où des récits complexes et poétiques sur le consumérisme s’entrelacent. L’intérêt de Heilmann pour l’histoire de la mode et le fétichisme matériel offre un cadre idéal pour toutes sortes d’expérimentations.
Par exemple, elle peint sur des portes de grenier en bois, où des coupons sont parfois imprimés en longues bandes, des personnages en allumettes peints discutent, et où des chevaliers apparaissent à côté de robes volantes et de bottes s’enfuyant toutes seules, ou encore dans la boutique en ligne que Heilmann a créée comme une oeuvre d’art en soi – vendant des oeuvres et objets à des prix idiosyncratiques déterminés par les sentiments et les attaches émotionnelles de l’artiste.
Elle est titulaire d’une maîtrise en histoire de l’art de l’Université de Copenhague et enseigne à la Royal Danish Academy of Fine Arts. Elle a performé à la Galerie nationale, Copenhague, à la Galerie nationale, Vilnius, et à la Manifesta 11, Zurich, et a exposé au niveau national à ARos, Møstings Hus, Den Frie Udstillingsbygning, ainsi qu’internationalement au projet de galerie Shoot the Lobster à LA et à l’EKKM de Tallinn.
Elle a cofondé l’espace de projets artistiques TOVES (2010-2017) et a fait partie du groupe d’artistes Ingen Frygt (2001-2010). Elle a été primée par la Fondation des arts du Danemark, et ses oeuvres font partie des collections de la Galerie nationale, du Kunstmuseum Brandts et du Heart - Musée d’art contemporain.
©Hannah Heilman, Face Suit and Stunt Double, Wearables, Etage Projects, 2020 © Photo cred Robert Damisch
©Hannah Heilmann, Face Suit, Windowlicker, Center, Berlin, 2015 © DR
Deux robes aux allures de sirène, un mix and match entre des patrons des années 60 et 70, bien trop longues pour un corps humain, mais parfaites pour une créature fantastique. Sur la soie sont imprimés des collages de captures d’écran du mur Facebook de l’artiste d’il y a une dizaine d’années. Cette coupe temporelle dans la vie digitale de l’artiste constitue une archive semi-fictionnelle. Sous des logos, des messages, des publications, elle suggère le caractère un peu démodé de Facebook, dont l’heure de gloire s’est achevée avec l’avènement d’autres réseaux sociaux. La diversité de ces derniers a induit des logiques d’usages différenciées, en fonction de l’âge ou de la catégorie sociale.
Selon une étude publiée en 2015 par le think tank américain PewResearch Center, 51% des adolescent·s dont les parents gagnent moins de 30.000 dollars par an, utilisent Facebook, quand les autres se tournent vers Instagram ou TikTok. Il semblait alors qu’au sein même la pop-culture digitale, à travers ses médiums et plateformes, puisse se distinguer des contrastes entre low et de high culture. Ringard mais incontournable selon le Monde, d’abord un eldorado pour des communautés en ligne, Facebook est devenu une marketplace où petites annonces individuelles côtoient des pubs pour des multinationales.